Il y a un art de porter le fourreau. De marcher, de jouer de ses bras, de rire aux éclats, de se cambrer furieusement en arrière, d'attendre, de s'adosser contre un mur, de regarder au loin, de regarder de biais, de ne regarder personne, de paraître préoccupée ou hautaine, énigmatique ou distraite. Il y a mille femmes dans un fourreau. Mille ombres de femme. La robe doit se plier, s'adapter à une infinité de sentiments confus qui leur passent par la tête. La robe-fourreau raconte toutes les ruses, les stratagèmes, les tours et détours des femmes pour amorcer le désir. L'expression se modifie, les pensées changent. La robe n'est plus tout à fait la même. Ce n'est que la trace d'une femme. Plus que nue parce que saisie au vol, la Femme en fourreau a le charme des choses envolées. Elle a quelque chose à la fois d'immuable et de pressant. Elle ne mise pas sur la durée, ne veut pas être aimée dans la durée, elle ne vit que de son apparition. Ne vise qu'à éblouir. C'est l'histoire de cet éblouissement que j'ai voulu raconter.
J.-L. H.
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