En marge d'une littérature classique et d'une philosophie des Lumières à son apogée, les XVIIe et XVIIIe siècles cachent des obsessions pétries de haine et de peur. C'est l'âge d'or des grands misogynes, laïques ou ecclésiastiques, qui ne s'embarrassent guère d'états d'âme. La femme serait un « animal » hideux et malfaisant capable de provoquer la perte de l'homme par la magie de son seul regard. Tous les moyens seront bons pour la brider. Ces phobies ont inspiré un discours et des pastorales de la haine d'une truculence parfois pathétique. Ils perdurent jusqu'au XXe siècle à travers les mises en garde de certains religieux traditionalistes et connaissent, aujourd'hui même, un spectaculaire renouveau avec l'essor de l'islamisme.
Or, dès le XVIe siècle, des féministes, hommes et femmes confondus, déclenchent la « guerre des sexes » en exaltant la perfection des femmes ou en les sublimant à travers des textes peu connus ou inconnus pour la plupart. Ce livre, qui en donne de nombreux extraits, éclaire d'un jour nouveau les figures de Marguerite de Navarre, Louise Labé, Madame de Lafayette, Olympe de Gouges, Condorcet qui se battent sous les étendards du féminisme aux côtés d'auteur(e)s qui, pour être moins connu(e)s, n'en donnent pas moins du fil à retordre aux misogynes de stricte obédience. Au XIXe siècle, la bonne « gestion » bourgeoise de la femme impose un féminisme paternaliste et rationaliste qui encense la femme pour la mieux soumettre. Toujours d'actualité, ce nouvel ordre a sa Bible : le Code civil.
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