" Il faut vraiment croire en l'homme pour l'endurer et patienter malgré sa stupidité, sa sauvagerie, son inhumanité ", écrivait William Faulkner. De cette humaine sauvagerie, il fut le peintre implacable, féroce, sourcilleux, tragiquement ironique, montrant que l'altérité est une nécessité mentale autant que sociale pour la construction de soi. Peut-être l'oeuvre de Faulkner vientelle crûment nous dire qu'il n'y a d'autre étranger que celui qu'on s'invente... Une idée-force que cette anthropologie ambitieuse de l'univers faulknérien – une des premières du genre – vient illustrer en restituant la géographie intime de ses personnages, leurs parts d'ombre et de lumière, les " brûlures " de leur langage et les contradictions obsédantes qui les habitent. Thomas Sutpen et sa fille amoureuse de son demi-frère métis caché ; Joe Christmas à l'identité raciale problématique ; Lucius McCaslin engrossant sa fille esclave ; le vieux nègre roublard Lucas Beauchamp... Des Blancs, des Noirs, s'épiant au sein des familles, à l'intérieur des maisons, sur des plantations, qui seront dévastées. Une société, tout un monde plein de " bruit et de fureur " où à travers la circulation des humeurs – sang, sperme, lait – se lit une singulière et fascinante dramatisation des rapports de parenté et d'alliance.
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