Dès juillet 1915, le conseil municipal de Quemper-Guézennec, modeste commune des Côtes-du-Nord, prend la décision d'édifier, à l'issue d'une guerre qui sera, on le sait déjà, particulièrement meurtrière, un monument en l'honneur de ses combattants morts au champ d'honneur. S'il n'est érigé qu'en 1919, ce monument illustre le souhait précoce de l'immense majorité des communes du département d'honorer leurs enfants tombés entre 1914 et 1918 : avant 1924, plus de 80 % d'entre elles en ont édifié un, plus de 90 % avant 1939. Modestes plaques de marbre dans l'église, simples obélisques, poilus en bronze fondus par des industriels et achetés sur catalogue ou oeuvres uniques d'artistes bretons de renom : la diversité de ces monuments est bien plus grande qu'on ne le pense souvent, alors même que leur omniprésence dans le paysage des villes et villages du département les a rendus presque « invisibles » aujourd'hui.
Yann Lagadec le rappelle pourtant : de l'usage de la langue bretonne à la présence de fusiliers marins en passant par la forte dimension religieuse de nombre d'entre eux, les monuments du département ne manquent pas d'originalité. Surtout, au gré de l'évolution des formes de la mémoire, leur sens n'a cessé de se transformer, tout particulièrement depuis la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle ils avaient été au coeur des luttes d'influence entre le régime de Vichy, les troupes d'occupation et la Résistance.
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