Faire société, c’est l’ambition des acteurs et des actrices au cœur de cet ouvrage. Par leur engagement philanthropique, ils tissent un lien avec les classes populaires et cherchent à transformer la société. Leurs origines sont plus variées que ne le laissent penser les recherches qui les présentent souvent comme issus des hautes sphères. Cette diversité apparaît aussi dans les motivations à l’origine de l’engagement charitable. Voie d’accès aux débats publics pour les femmes et les étrangers privés de droits politiques, la philanthropie attire également les élites conservatrices genevoises qui ont perdu la mainmise sur l’État à la suite de la Révolution de 1846, ainsi que les représentants du nouveau pouvoir. Ce livre n’examine pas seulement le discours des philanthropes, il analyse également leurs pratiques sur le terrain et leurs stratégies qui visent à inculquer aux classes populaires des valeurs qui leur sont chères − l’épargne, la responsabilité individuelle, l’ardeur au travail ou la répartition genrée des rôles. En combinant méthodes quantitatives et qualitatives, cet ouvrage restitue la philanthropie genevoise dans sa complexité. Saisie dans sa globalité, à l’échelle d’une ville en pleine mutation, l’action philanthropique se révèle un excellent observatoire de la société, et ce d’autant plus que les Genevois sont très actifs dans les réseaux réformateurs transnationaux. Alors que la philanthropie connaît de nos jours un regain d’intérêt marqué, ce livre offre des clés pour comprendre les ambiguïtés des discours et des pratiques liés à ce phénomène.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.