La saga des explorations a été une des pages préférées de la propagande coloniale. Cet épisode de l'histoire des relations entre Europe et Afrique a-t-il représenté un tournant significatif ou un non-événement ? Le cas du Burundi apporte des réponses à ce questionnement.
Aucun Européen n'avait mis les pieds dans cette région de l'Afrique des Grands Lacs avant le milieu du XIXe siècle. Ce moment de la « découverte » a en fait couvert toute la deuxième moitié de ce siècle, depuis les globe-trotters anglo-saxons qui ont visité les rives du lac Tanganyika dans les années 1850-1870 jusqu'aux premières traversées du pays dans les années 1890, à la veille de la colonisation allemande.
Après avoir établi et cartographié avec précision les itinéraires de ces voyages très particuliers, ce livre décrypte quatre aspects d'une « vrai-fausse rencontre » : l'établissement de cartes longtemps encombrées de fantasmagories, l'exotisme du regard porté sur ces hautes terres où le Nil prenait sa source et la projection rapide de fantasmes raciaux sur leur peuplement, mais aussi la sidération des « explorés » burundais et leurs tentatives propres d'interprétation, et enfin le rôle décisif d'explorateurs méconnus, les guides et intermédiaires africains, « compagnons obscurs » des héros solitaires européens tels que ces derniers se campaient dans leurs récits.
Cet ouvrage s'appuie sur la lecture des périodiques géographiques de l'époque, le dépouillement d'archives britanniques, allemandes et missionnaires, et enfin sur des enquêtes qui, dans les années 1960, avaient permis à l'auteur de rencontrer des témoins oculaires de ces situations inédites.
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