Si la notion de mystique semble aller de soi pour le Moyen Âge, ce semble être par suite d'un malentendu. Car si l'historiographie du XIXe siècle flétrissait volontiers de ce mot ce qui, dans la littérature médiévale, lui semblait mièvre, irrationnel ou extravagant, les auteurs médiévaux se servent quant à eux de l'adjectif « mystique » pour désigner bien autre chose : une certaine manière d'interpréter les Écritures (sens mystique), une façon de discourir sur Dieu (théologie mystique), une appartenance à la même Église (corps mystique). Il convient donc de revenir aux textes, en leur posant ces questions. Quand le mot « mystique » est-il employé dans des oeuvres médiévales, et que veut-il dire ? À l'inverse, dans les oeuvres dites aujourd'hui « mystiques », comment ce qui relève de cette catégorie est-il nommé, défini, compris par les auteurs eux-mêmes ? Est-il pertinent d'enclore dans un même genre des textes aussi divers que les visions, la littérature de dévotion, les analyses de la contemplation, les itinéraires de l'âme vers Dieu, la Théologie mystique du pseudo-Denys ? De la fin de l'époque patristique aux débuts de la Renaissance, le sens du mot « mystique » est-il resté stable, ou bien a-t-il évolué ? Au fond, peut-on dire que la notion moderne de mystique a son origine dans les temps médiévaux ?
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