L’« idée de Littérature » s’inscrit dans une épistémè instable comme la vie même. Objet construit, elle devient plus perceptible dans les moments de transition, souvent interprétés en termes de « crise » ou de « fin » par les contemporains. Depuis le xixe siècle l’opposition évolution/révolution semble surdéterminer les discours critiques, recoupant d’autres clivages comme modernité vs avant-garde, logique générationnelle vs imaginaire de la catastrophe et de la rupture. Les auteurs ont interrogé les modalités et le rythme des « passage de relais », mettant en évidence des processus plus nuancés : renouvellement, renaissance, conversion, reconfiguration rendent compte de ces « moments critiques » où, entre 1860 et 1940, un auteur devient brusquement visible, un poème, une préface, un essai, l’émergence d’une nouvelle théorie scientifique ou d’une nouvelle discipline engagent une réévaluation des critères de jugement. La fiction et l’imaginaire imprègnent poèmes, discours et paratextes : le « roman de la littérature » se constitue ainsi de morts en résurgences plus ou moins fantomatiques, de navigations heureuses en naufrages et assassinats, programmant ou rationalisant après coup ses aventures.
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