Quand Martine Fauré meurt, son fils quitte Paris pour passer le mois d'août en Provence, chez un ami. La rencontre avec la forêt, ses senteurs, sa lumière, son immuabilité et son silence vivants, fait pressentir à Pierre - cet homme simple, comptable dans une petite entreprise - un royaume insoupçonné où le temps, l'espace et les sensations sont souverains. «Marie», surgie comme un mauvais rêve sur le pas de sa porte, achève de le convaincre que sa vie est ailleurs ; depuis ce jour de l'été 1940 où on l'a ramassée sans connaissance sur le bord d'une route, «Marie» a rompu avec l'humain et n'est plus qu'un «pauvre animal malade». Des mois durant, Pierre s'acharne pour sortir la jeune femme des limbes où elle a sombré. Le lecteur, bouleversé, doit acquiescer au miracle : «Marie» renaît aux mots, à leur sens, à la présence de l'autre. Le refus du désespoir et la foi en la vie de Pierre Fauré - qui semble si bien correspondre à l'archétype du «Français moyen» -, ont réussi là où la Science s'est déclarée impuissante. «Marie / Anne» renoue avec son humanité, avec sa mémoire, avec son passé. Quant à l'avenir...
Une écriture presque ascétique rend au plus juste le lent éveil de deux êtres l'un par l'autre, fait irradier une histoire d'amour qui ne dit jamais son nom. Chemins nocturnes. Eveils... Les éditions Viviane Hamy poursuivent la traduction de l'œuvre de Gazdanov (1903-1970), ce grand écrivain russe demeuré jusqu'alors inconnu.
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