Dans un moment où la réflexion sur la construction européenne
est dominée par la ratification du projet de
«Constitution pour l'Europe», on a tenté de prendre le
maximum de distance par rapport aux tactiques de parti.
L'affrontement des partisans et des adversaires du projet
ne saurait clarifier les enjeux historiques, car il évite
soigneusement de poser la question de savoir comment
une construction supra-nationale peut représenter en
même temps, pour les populations qu'elle réunit, une avancée
dans l'ordre des droits et de la participation. Le projet en
discussion est donc une construction mort-née. Il faut relancer
le débat, en revanche, sur les questions de l'avancée
démocratique après l'Etat-nation, de la transformation du
statut des frontières, de la dimension culturelle et multiculturelle
dans la construction européenne, condition de la
formation d'un citoyen capable de contrôler la délégation
de ses pouvoirs. Un citoyen sans lequel on peut parler
d'empire ou de coalition, mais pas de gouvernement
représentatif et de destin collectif.
Dans cette perspective, l'Europe n'est pas une fin en
soi, mais elle doit être reconnue comme un instrument de
transformation du cours de la mondialisation, peut-être
irremplaçable. Il est grand temps pour les peuples qu'elle
associe de s'en occuper.
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