L'Union européenne est née d'une idée généreuse mais
vague : faire advenir «la Paix». Ceci ne suffit pas à constituer
un projet politique et n'a pas empêché la multiplication des
institutions technocrates chargées de le mettre en oeuvre.
Fortes d'un désengagement complice des États européens,
ces institutions se sont désormais affranchies. Ce faisant, elles
contribuent à vider progressivement de leur substance les
États membres de l'Union, trop heureux - pour certains - de
pouvoir se défausser de leurs responsabilités sur «Bruxelles»
ou sur «Francfort». Mais aussi sur «Berlin», l'Allemagne étant
parvenue, à la différence de tous les autres, à faire des institutions
européennes ses meilleures alliées et les courroies de
transmission de ses propres intérêts.
Partout ailleurs, la démission du politique est devenue la
règle. Elle s'accompagne souvent d'une crise économique
redoutable. Une situation que les peuples acceptent de
moins en moins, sentant bien qu'au nom de «la Paix», on leur
demande d'entériner tout à la fois leur appauvrissement et
l'abandon de leur souveraineté.
Épuisés par la rigueur économique, de plus en plus défiants
vis-à-vis de la construction européenne, les États ne comptent
plus sur leurs dirigeants pour tâcher d'en infléchir le cours. Dès
lors, ils pourraient bien être tentés d'y mettre un terme brutal, en
recourant à des partis politiques pour lesquels «la Paix» est très
loin d'être inscrite au frontispice de leur édifice programmatique.
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