Et si l'Europe n'était qu'un empilement de métaphores ? A l'heure où
chacun y va de sa propre réflexion sur ce que les choses devraient être,
quitte à nous préparer des lendemains qui s'enflamment, ne convient-il pas
de se tourner, ne serait-ce que le temps d'un dépaysement historique, vers
le comme si, socle fait de mythes, mais plus assuré pourtant pour traquer la
prétendue réalité ?
Fidèle à sa manière, l'«Ogre de Budapest» projette ici toutes ses facettes
- amoureux de l'Extrême-Orient, chantre inattendu des vertus théologales,
et surtout esthète gourmand - sur une kyrielle de personnages
historiques plus ou moins retouchés, et ce kaléidoscope a pour nom Europa
minor, comme si - précisément - notre vieux continent se trouvait à la
traîne de l'Asie, fertile en beautés et capable de rendre par le truchement de
l'Art le réel plus vrai encore que le réel.
Plus nouveau peut-être : l'auteur se livre à une réflexion sur l'amour avec
ses danses nuptiales et les chassés-croisés auxquels nous contraint notre
incapacité à advenir comme sujets, dans une Histoire qui va plus vite que
nos affects et que notre rationalité même. Quelques îlots de paix sont
encore à l'échelle de notre aventure : Sapho à Lesbos, la peinture chinoise,
Raguse, un roman japonais féodal qu'une femme écrivit à la gloire de
l'Étiquette, plusieurs noms de la Catalogne...
Le quatrième volet du Bréviaire de saint Orphée ne décevra pas les
amoureux de ce grand style nietzschéen et baroque propre à une pensée
«barbare» qui a honoré une Europe n'ayant rien de mineur...
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.