Parmi les nombreux auteurs de vaudeville du XIXe siècle, Eugène Labiche (1815-1888) est l'un des plus remarquables en raison de l'importance de sa production (174 pièces) et des succès obtenus. Près de quarante ans après l'ouvrage de Philippe Soupault et plus de trente ans après la dernière thèse universitaire le concernant il était nécessaire qu'un historien procède à une relecture de l'oeuvre de Labiche en utilisant les avancées de l'historiographie contemporaine.
Ainsi, dans une perspective résolument moderne d'histoire culturelle, l'auteur a «découvert» à travers une analyse de contenu que les grands «personnages» du théâtre de Labiche étaient autant des institutions ou des groupes sociaux - tels le mariage, l'alimentation, la domesticité, Paris ou le duel - que des individus, bourgeois et rentiers.
Par ailleurs Labiche manifeste une ambiguïté évidente sur la question politique et sociale et sur la question morale. Sous les textes se cache une critique acerbe du système démocratique et s'inscrit un attachement aux valeurs conservatrices sinon réactionnaires. En revanche Labiche accorde aux femmes une fonction nettement moins dévalorisée que cela n'a été analysé jusqu'à présent et il transige largement avec les préceptes moraux de l'époque. De nombreux personnages ont des défauts marqués (mensonge, égoïsme, hypocrisie, lâcheté); apparaît même clairement la tentation du crime. Beaucoup de pièces laissent perdurer in fine des situations «objectivement» injustes ou amorales.
Enfin une lecture plus métaphorique fait émerger une large mise en valeur de la sexualité, sujet tabou de la conscience sociale du XIXe siècle. Labiche est plus contestataire et amoral que l'opinion traditionnelle ne l'admet.
We publiceren alleen reviews die voldoen aan de voorwaarden voor reviews. Bekijk onze voorwaarden voor reviews.