D : Je pourrais aimer quelqu'un totalement, absolument, inconditionnellement, mais jamais plus que mon chien. Ce que je ressens pour mon chien dépasse tout ce que j'ai pu imaginer qu'il était possible de ressentir pour quelqu'un ou quelque chose. Quand j'ai besoin de lui, il est là. Parfois, je lui parle, j'essaie de lui parler, mais je sais qu'il ne m'entend pas, je sais qu'il fait semblant de ne pas m'entendre. Je lui pardonne parce que c'est mon chien, parce que j'ai beau me raisonner, me dire que parfois il me trahit, et que c'est insupportable, que souvent il n'est pas comme je le voudrais, que manifestement il ne sent pas les choses comme je le voudrais, j'ai beau me dire tout ça, je ne peux pas faire autrement, je lui pardonne. Je me dis « ce n'est pas grave », et je lui pardonne. Parce que c'est une évidence, parce que je ne peux vraiment pas m'en empêcher. Il pourrait me faire la pire des saloperies, je ne pourrais que lui pardonner. Je lui tirerais la gueule, je lui en voudrais à mort, j'aurais envie de le tuer, de le voir crever, et souffrir le plus possible, peut-être même que je l'abandonnerais quelque part, je ne sais pas où. Peut-être bien que je ne voudrais plus jamais entendre parler de lui si, par malheur, il me faisait le pire des coups de pute du monde, mais, malgré tout ça, je ne pourrais pas m'empêcher de continuer à l'aimer. Il restera, jusqu'à la fin des fins, ce que j'ai de plus précieux, de plus cher, de plus inaltérable.
B : Tu n'as pas de chien.
D : Je sais.
Je parlais de toi.
Récit polyphonique, fragmenté, tantôt tendre, tantôt cru, Etreintes dans le noir évoque deux solitudes qui se rencontrent, essayent de faire un bout de chemin ensemble, mais découvrent rapidement que ce n'est pas si simple : se frotter l'un à l'autre provoque des étincelles, et les risques d'explosion sont permanents.
L'effet catalyseur des moments partagés révèlent les personnalités cachées, pour le meilleur et pour le pire. En permanence pris en étaux dans ce « ni avec toi ni sans toi », chacun s'invente d'autres vies. Mais les chemins tortueux et solitaires finissent toujours par se recroiser.
Tout au long de cette pièce pessimiste mais joyeuse, quatre voix anonymes dialoguent, racontent, commentent dans un rythme soutenu, nerveux, distancié.
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