L’hellénisme naît dans le sillage romantique de l’œuvre de J. J. Winckelmann dont la vision épurée de l’Antiquité continue de nourrir les fantasmes helléniques de nombreux auteurs anglais tout au long du xixe siècle. Mais dans les années 1860-1880, un tournant se fait jour dans l’hellénomanie victorienne grâce à l’émergence de sciences telles que l’archéologie et l’anthropologie. En écho à ces recherches nouvelles qui jettent un éclairage autre sur l’antique, A. C. Swinburne, W. Pater et J. A. Symonds, trois auteurs appartenant au mouvement esthétique (« Aestheticism »), se mettent en quête des parts d’ombre de l’Hellade, de son altérité et de ses couleurs, autant de marges dionysiaques qui viennent nuancer les fantasmes apolliniens de leurs contemporains. Substituant au désir d’érudition philologique une volonté d’exhumation des aspects les plus secrets de la culture grecque, ces poètes et essayistes révèlent ainsi une part trouble de l’héritage hellénique qui se donne également à voir dans les tableaux des peintres de leur cercle proche, comme E. Burne-Jones, S. Solomon, J. McNeill Whistler, A. Moore et D. G. Rossetti.
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