Dès l'aube des années 80, de grandes quantités de migrants vinrent s'installer à Lima, capitale du Pérou, pour constituer une épaisse ceinture de bidonvilles (barriadas) autour de la ville. Dans l'espoir d'une vie meilleure, ou pour fuir la misère et le terrorisme, les migrants étaient principalement des indiens des Andes du Sud. L'origine culturelle induit d'originales procédures d'adaptation à la ville et aux façons d'y vivre bien. La migration est l'aboutissement d'un projet de vie, mesuré, construit, conçu comme une stratégie du mieux-être.
Fin 1990, plusieurs dizaines de migrants adultes, dont la plupart étaient déjà habitants de Lima depuis fort longtemps, investissent un terrain vierge au lieu-dit Puruchuco, au nord-est de la capitale. Ils appelleront Tupac Amaru la nouvelle barriada. Le site est situé sur le sol pierreux des flancs arides et lunaires de collines de pierre (cerros). Mais les pierres grises recouvrent une zone archéologique, et Tupac Amaru deviendra vite un ennemi gênant les autorités péruviennes, pour qui ses habitants sont des voleurs d'histoire.
Ils vont entreprendre d'apprivoiser l'espace, lui donner des institutions qui le feront fonctionner socialement. De leurs mains, ils édifieront des maisons, un gigantesque collège, des locaux collectifs. Aujourd'hui, Tupac Amaru a 1520 habitants. L'économie locale est importante ; de petits ateliers, des micro-entreprises, de petits commerces et des emplois à l'extérieur de la barriada assurent une survivance quotidienne dans la dignité.
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