Un champ de bataille, devenu lieu du souvenir, et des galeries de mine désaffectées dans lesquelles errent des fantômes. Ces lieux de mémoire sont entretenus par un couple de vieux gardiens, Rose et « Gueule cassée », soldat rescapé des combats qui cache ses blessures sous un casque de mobylette.
Ici le temps s'est arrêté, à peine troublé par ces disparus qu'on appelle Antonin, William ou Bert, et dont les corps remontent du passé, laissant apparaître à fleur de terre une blague à tabac, une veste ensanglantée ou un mouchoir en dentelle...
Un mouchoir... Voilà qui ramène Rose cinquante ans en arrière, au moment où le soldat Gus est fusillé sur ordre de l'état-major pour avoir reculé devant l'ennemi...
Chut ! Les morts nous parlent. Mais qu'est-ce qu'ils ont à nous dire ?
Rose : Du sang. Noir. Epais comme de l'huile de vidange. Du sang battu en brèche qui perle à grosses gouttes autour des plaies. Des cicatrices qui tirent la peau. Des croûtes qui cèdent sous le frottement des uniformes et des blessés qu'on rafistole en les imbibant d'alcool à faire passer la douleur du monde. Une tournée générale qui ne fait pas dans la dentelle.
Anselme : La fosse quatre a explosé bien avant la guerre.
Le soldat : Alors tu ne sais pas ce que c'est...
Anselme : La guerre on me l'a racontée. Tous les jours je croise des soldats de la Guerre de cent ans qui errent dans les souterrains.
Le soldat : La Guerre de cent ans ! On croit rêver ! La Guerre de cent ans est dépassée. La guerre de maintenant est une guerre moderne...
Anselme : Tu as mis des siècles à remonter. Ce que tu appelles la guerre de maintenant n'est plus la guerre de maintenant. C'est une vieille guerre finie depuis des lustres. Elle est dépassée par les guerres d'aujourd'hui. Avec des morts d'aujourd'hui...
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