Les Essais florentins donnent un aperçu infiniment saisissant de la richesse conceptuelle de l'oeuvre d'Aby Warburg. Si aujourd'hui nous pouvons avoir une vision élargie de l'historien de l'art et de son oeuvre, où entrent naturellement sa fantastique bibliothèque de Hambourg, transportée à Londres en 1933, le projet d'Atlas Mnemosyne et la conférence sur le « rituel du serpent » issue d'un voyage chez les Indiens Hopis, l'ensemble de ses écrits « savants » reste toujours une pièce essentielle, dont la lecture s'impose plus que jamais. Dans ces essais désormais classiques, tous issus de ses Gesammelte Schriften (1932), l'histoire de l'art est conçue comme une science de la culture, dans le sillage des travaux de Jacob Burckhardt, mais selon un cheminement inédit, faisant appel à des concepts neufs : les survivances, les formules pathétiques... Ce travail interprétatif, chez Warburg, trouve toujours sa source dans des détails ou des motifs en apparence anodins, ou dans des sujets d'apparence érudite. Le motif du vent qui vient soulever les cheveux de Vénus et les vêtements des Grâces ; la concurrence visuelle entre les portraits peints et les effigies de cire dans l'église SS. Annunziata à Florence, à l'époque de Laurent de Médicis ; les traits tirés de Maria Portinari, représentés par des peintres flamands ; un dessin « mantégnesque » de Dürer, réalisé en 1494 ; l'astrologie et la tératologie chez Dürer et son entourage : chacune de ces histoires savantes contient une leçon magistrale de méthode.
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