Comment le Zhuangzi, corpus de textes de l'Antiquité chinoise, peut-il défendre l'idée d'un souverain idéal gouvernant selon la nature alors qu'il conduit par ailleurs une critique radicale du pouvoir ? Partant de cette contradiction manifeste, l'essai interroge d'abord le sens de la conformité à la nature qui caractérise la posture du sage en retrait. Il montre ensuite comment la prise en compte de l'historicité oblige à écarter la figure du sage dont la présence se révèle néfaste dans un monde dégradé.
Questionnant enfin la portée politique du motif de la conformité à la nature, l'auteur déconstruit les passages qui, rajoutés tardivement au corpus, non seulement détournent la critique du pouvoir pour en faire une justification de la domination absolue, mais en plus éclipsent une réflexion politique profonde. L'analyse dévoilera que Zhuangzi pense en vérité l'exercice du pouvoir conforme à la nature sous la forme d'un art du non-gouvernement.
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