Un manque mine nos sociétés depuis les Temps Modernes, il est ici
interprété comme le refoulement, parfois même comme l'oubli absolu du
lien primordial avec la mère ; sur cet abandon prospèrent le totalitarisme,
le négationnisme et le révisionnisme, trois versions de l'instrumentalisation
de la mémoire occultée de la mère. Ressaisir ce laissé-pour-compte de
notre philosophie, mettre en lumière ses implications psychologiques,
économiques, juridiques et sociales est le projet qui anime les pages
polémiques et salutaires de cet essai philosophique construit comme un long
poème.
Nous voici entraînés à nous représenter mentalement un espace qui ne
serait pas encore marqué par la perte ou le reniement de ce lien primordial
avec la mère et de sa mémoire. Ce point de vue nouveau permet de
substituer à la logique d'un hors le monde, maîtrisé et dominé, une réflexion
sur un en le monde, aménagé et ordonnancé. Révolution copernicienne de la
philosophie d'autant plus nécessaire que la révolution cybernétique en cours
place désormais une nouvelle Déesse Mère, la Grande Machine, au centre
de la représentation du monde, rejetant à la périphérie la matière vivante
fragmentée, en pleine recomposition.
Pour dénoncer un état social oublieux de son lien primordial avec la
mère et pour imaginer un autre état où ce lien serait restauré, l'écriture a dû
se forger des concepts dont la langue ne disposait pas. Un nouvel humanisme
s'esquisse dans ces pages, un humanisme féministe et utopique qui n'a pu se
passer d'une petite révolution linguistique.
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