Au XVIIIe siècle, l'oralité triomphe ; la voix et son timbre sont les moyens privilégiés de la population pour être au monde. La rue, les salons résonnent des conversations, badinages, disputes, annonces royales sur jeu de trompettes, paroles du pouvoir et de l'Église, chansons à un sol, musiques jouées à tout va. Ils contiennent aussi les cris, les gémissements, les voix du désarroi, de la folie, celles qui s'échappent des immeubles, des prisons et des hôpitaux. La société populaire est un immense champ sonore et vocal.
Toutes ces voix se sont enfuies à jamais, pourtant elles sont la matrice de communautés n'ayant guère accès à l'écrit. Arlette Farge les recherche à travers les archives dans lesquelles ont été notés parfois les timbres de voix et les intonations des uns et des autres. Elle trace une ligne fragile, aux confins de la linguistique et de la musique, et parvient à nous faire entendre « ces voix démultipliées sans lesquels nous ne sommes rien ».
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