S'il est inéluctable que les circonstances mettent l'orientaliste au contact de sujets très variés où l'aspect littéraire n'est pas le seul en présence, doit-on se contenter de ce caractère fortuit ? N'y a-t-il là une voie méthodologique spécifique à creuser ?
Communément l'islamologue a toujours tranché les questions de sens et d'interprétation, et le littéraire a travaillé les formes d'écriture, le rythme de la langue et l'innovation dans l'expression. Il y a là une espèce de dialectique entre le « technicien » et l'« artiste » qui rappelle celle du « principe de réalité » et du « principe de plaisir » de la psychologie des profondeurs. L'histoire comparée de l'islamologie et des disciplines linguistiques et littéraires, depuis le XIXe siècle, nous a installés dans cette dichotomie où aucun espoir de transversalité ni de simple passerelle n'est offert ou même suggéré.
Depuis trop longtemps, c'est sur une sorte de gnose du langage qu'islamologues et littéraires ont assis leur magistère. Chacun s'activant dans son champ, ils en ont oublié le principe fondamental dans l'immense univers des humanités : la mise en perspective de chaque domaine par rapport à l'autre. Le raffinement littéraire d'une part, et la complexité islamologique de l'autre, ne devraient pas faire l'objet d'un rejet de communion active des deux, mais plutôt d'un déplacement de l'un vers l'autre. N'est-il pas possible de rapprocher davantage l'islamologie de la littérature (si spécifique en arabe) ? de mettre au service de la littéralité du texte-source de l'islamologue tous les procédés de la langue-cible du littéraire ?
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