Adala : la justice. Vertu cardinale de l'islam. Mais justice orientée par la
Révélation, le Logos divin. L'islam n'est pas une théocratie mais une
logocratie. Le souverain n'est pas le Prince, mais le Texte.
Conséquence : le droit musulman est sacral en son essence (le Coran,
l'exemple du Prophète), et doctrinal en sa formulation (l'opinion, la fetwa
des théologiens-juristes).
Mais «droit musulman» ? Expression inadéquate : charî'a, signifie juste
guidance, bonne voie, pour accéder au salut éternel. A la fois prescriptive
et performative, elle embrasse la totalité de l'existence. Mais elle
n'existait pas à l'époque muhammadienne. Elle a été forgée au fil des
conquêtes et des dynasties durant les premiers siècles de l'Hégire.
Raffinée par des générations de praticiens, risquant de se dissoudre à
travers les divergences des écoles, des peuples et des civilisations, elle
a réagi contre les tendances centrifuges des coutumes et des agissements
profanes qui ont souvent infléchi les règles scripturaires.
Ainsi le droit musulman technique, le fiqh, édicte des normes pour réguler
les rapports entre les observances, les personnes et les biens. Il établit
des structures sociales et des institutions. Ces structures et institutions
ont secrété une éthique dont le principe fondamental demeure le respect
de la Révélation, donc la perpétuation de la norme, gardienne de l'islamité.
Le système se reconduit «en boucle» par dynamique interne. Les
conflits résultent non pas de l'intégration ou de la séparation entre politique
et religion, mais du blocage du juridique par le théologique qui se
durcit en une sorte de «mystique de la légalité.»
Par esquisses successives (ontologique, historique, méthodologique,
phénoménologique, éthique, contemporaines), l'ouvrage passe des fondements
de la Loi musulmane à l'espoir, ou la crainte, de la déjuridicisation
de l'islam.
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