Par sa stature d'auteur-novateur, son engagement politique total, son courage
à inventer une nouvelle forme de théâtre, Ernst Toller, l'un des plus grands
dramaturges allemands du XXe siècle, mérite de sortir de l'oubli et de retrouver
le haut de l'affiche, au même titre que Brecht, Beckett, Tchekhov et autres
génies...
Révolutionnaire, il est condamné à cinq ans de forteresse en tant qu'un des
leaders du soulèvement populaire de novembre 1918 à Munich. Homme de
combat, il ne peut endurer le temps de sa détention qu'en détenu révolté :
enfreindre les règlements, l'interdit d'écriture entre autres. Dissimulé sous la
table de sa cellule, une couverture sur lui, il conçoit son oeuvre de dramaturge :
révolutionner le théâtre par un art en relation étroite avec les bouleversements
sociaux, introduire sur la scène les prolétaires, ces nouveaux acteurs, leur faisant
tenir un autre langage avec leurs mots réécrits plus vrais que nature.
Jamais le théâtre n'a été à ce point la tribune de son temps... au centre des combats
de l'opinion publique, écrit-il.
Les feux de la rampe de L'Opéra de quat'sous n'auraient-ils pas jeté une ombre,
faisant de Brecht une amorce involontaire de l'ostracisme qui frappera Toller ?
De 1922 à 1933, Toller connaît le succès. Ses pièces sont traduites et jouées en
vingt-sept langues. Aujourd'hui, il reste un auteur plus que jamais d'actualité,
dans ce monde de tous les dangers qui vacille autour de nous.
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