« Histrion », photographe fantaisiste, impertinent et mal léché, inopinément confronté à l'Afrique, Ernest Noirot, aux multiples vertus, aux innombrables défauts, aura irrité, indigné ou au contraire séduit tous ses chefs successifs. Découvreur, avec le docteur Bayol, en 1881, d'un Fouta-Dialo guinéen encore indépendant et théocratique, il reviendra en 1897 le « casser » sans ménagement.
Partout où il passe, au Sénégal comme en Guipée, pendant vingt-cinq ans, commandant à poigne mais réalisateur infatigable, il organise, invente et construit. Déconcertant et sulfureux parfois, il imagine le chemin de fer, la culture attelée, les fermes-écoles, l'éducation féminine et l'alphabétisation, la poste rurale et les jardins d'essai.
Pionnier en tout, inlassable, il amène à Paris pour l'Exposition de 1889 le premier « Village sénégalais », dessine ou peint ses voyages et note les mélodies qui les ont parfois accompagnés.
Commencé aux Folies-Bergère et aux Folies Dramatiques de Paris, l'étrange parcours professionnel d'Ernest Noirot, amoureux et rudoyeur d'Afrique, s'achèvera dans sa petite ville natale par un glacial après-midi de décembre. Mais à Kaolack, au Sénégal, un pont (deuxième du nom) témoigne toujours, cent quinze ans après, de son oeuvre et de son originalité.
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