"Les 8000, c'est comme les cacahuètes, on ne devrait jamais commencer", s'amusait à dire Erhard Loretan.
Lorsqu'il l'a rencontré, en 1995, Charlie Buffet a vite décelé dans ce petit homme d'1,65 mètre, la classe d'un grand. Erhard Loretan rentrait du Népal, il venait de terminer son quatorzième 8000, le Kangchenjunga, comme une plume, avec pour tout bagage des barres de chocolat, une fiasque de sirop d'abricotine. Un sac léger, pour un aller-retour fulgurant. Loretan est un artiste, minimaliste. Dès l'enfance, il aiguise ses crampons sur les faces nord et entre à 15 ans dans le sérail, à Chamonix où le jeu consiste à répéter en plus vite ce qu'ont fait ses illustres prédécesseurs.
Il connaît son 7e degré de Messner sur le bout des doigts, dévore les grands classiques dont Rébuffat et Bonatti, sort major de sa promotion de guide à 21 ans, enchaîne les solos et rend hommage à Hermann Buhl en choisissant le Nanga Parbat, son premier 8 000.
" Les 8 000, c'est comme les cacahuètes, on ne devrait jamais commencer ", dira-t-il dans un grand rire. C'est que le géant suisse est un taiseux. Il n'aime pas s'épancher. Il fait de la montagne pour le plaisir et grâce à sa capacité à accepter la souffrance. Elle sera mise à rude épreuve en 2001. Son petit garçon meurt, victime du " syndrome du bébé secoué ".
" Trois petits coups, fermes et forts ", dira le juge mais seulement trois petits coups pour lesquels Erhard sera condamné.
Charlie Buffet ne le verra plus.
En tout cas, sa biographie dessine l'image d'un homme lumineux.
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