Si la transmission « naturelle » des langues régionales de France a cessé ou est sur le point de l'être inévitablement, du fait de la disparition des locuteurs traditionnels (ou locuteurs héritiers), ces langues continuent à être transmises à travers l'enseignement (scolaire ou associatif) et/ou à travers des démarches individuelles de réappropriation, ou, exceptionnellement, par une transmission familiale militante. D'où l'émergence d'une nouvelle catégorie de locuteurs généralement désignés par le terme de néolocuteur. L'enseignement des langues induit des phénomènes de réduction de la variation et d'uniformisation, que ce soit à travers des processus conscients de standardisation ou du simple fait des nécessités de cet enseignement. En outre, la pratique des néo-locuteurs se caractérise également par une tendance, consciente ou inconsciente, à se démarquer du français, en choisissant les tournures qui s'en éloignent le plus, même si elles sont minoritaires, ainsi que par des hypercorrections, ou encore par des innovations n'existant pas dans les pratiques héritées. Enfin, du fait de la disparition des locuteurs héritiers, les néo-locuteurs ont peu ou pas de contact avec des locuteurs natifs et n'évoluent pas dans un contexte social permettant un usage « normal » de la langue dans la vie quotidienne ; leur usage de la langue se limitant à des pratiques culturelles ou militantes. Ces facteurs contribuent souvent à créer un sentiment de rupture entre la langue des locuteurs héritiers et celle des néo-locuteurs.
Ce volume se propose de réunir des contributions évoquant ces problématiques, en liaison notamment avec les questions d'enseignement et de standardisation, tant du point de vue de la linguistique descriptive que de la sociolinguistique.
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