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Le renouvellement municipal de 1983 aura marqué, à Marseille, la fin d’une équipe et d’une époque. Pourtant tout se passe comme si la deuxième ville de France n’arrivait pas à se débarrasser de son passé de port ouvert à tous les trafics. Comme si, prisonnière de ses mythes, elle ne cessait d’accréditer sa mauvaise réputation : un demi-siècle de saga politico-crapuleuse, ponctuée de sinistres records. Or, depuis l’été 1981, l’histoire semble s’accélérer et tout se passe comme si un scandale pouvait en cacher un autre. Juillet. Le crime atteint les sommets de l’horreur avec la tuerie sauvage d’Auriol (un policier massacré avec toute sa famille par ses propres compagnons du S.A.C.) et révèle, incidemment, un inquiétant noyautage de la police marseillaise par les barbouzes. Octobre. L’assassinat du juge Pierre Michel, salué par l’explosion de joie canaille des rescapés de la “French connection”, provoque un premier remue-ménage à la prison des Baumettes où l’on parle, sous le manteau, d’un trafic de faveurs médicales remontant jusqu’aux plus hautes sphères judiciaires. Mars 1982. La mort de l’ex-directeur de la Sécurité sociale, René Lucet, la tête perforée de deux balles de son revolver au lendemain de sa destitution, fait découvrir l’une des plus gigantesques magouilles de la délinquance en col blanc : un écheveau de sociétés bidon, de fausses factures, de marchés frauduleux et de pots-de-vin dont les fils passent par la mairie de Marseille pour s’étendre à des centres hospitaliers régionaux et à des bureaux d’études parisiens. Juillet. Les deux affaires de corruption — grâces médicales et fausses factures — éclatent simultanément, rebondissement indirect de ces deux énigmes non résolues. Après le sang, l’argent. L’arrestation de Nick Venturi éclabousse la mairie. Novembre 1983. Le dernier des caïds, Tany Zampa, tombe, comme Al Capone, pour des délits financiers. Poursuivant leur œuvre de démythification, après leur Enquête sur les Affaires d’un septennat, les deux grands reporters de L’Express et du Point éclairent les mystères de Marseille en historiens du présent. “Deux valent mieux qu’un”, dit l’Ecclésiaste.