En partant de la démarche de l'enquêteur en quête de preuves (à travers les exemples de « policiers de roman » : Dupin, Lecoq, Sherlock Holmes) grâce à des indices, des traces, des empreintes, et en prenant la construction du sens linguistique comme son contrepoint, Louis-Jean Calvet met en évidence le fait que dans les deux cas les indices comme les signifiants doivent être interprétés. Ce qui mène à cette évidence qu'il n'y a pas de lien de nécessité entre le signifiant et le signifié, mais des rapports flous, variables, que le signifiant n'a pas un sens qui lui colle à la peau, et que le sens est une construction sociale. La critique de la théorie du signe élaborée par Ferdinand de Saussure montre que l'on peut agir sur le sens des signifiants, leur faire dire des choses différentes et parfois contradictoires. Cela nous mène à l'utilisation de la langue par les régimes totalitaires, qu'ils soient imaginaires (dans le cas de la novlangue de George-Orwell) ou réels (dans le cas de la « langue du trois Reich » décrite par Victor Klemperer), puis dans les diverses formes de la langue de bois. Les discours politiquement corrects qui foisonnent aujourd'hui reposent sur les mêmes principes. Peut-on considérer ces deux extrêmes, discours totalitaires et discours politiquement corrects, comme utilisant les mêmes moyens ?
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