Sorti en 2005, le film Le Cauchemar de Darwin accède
immédiatement au statut de monument du cinéma
documentaire. Il révèle un trafic monstrueux, sacrilège :
les avions qui viennent chercher la perche du Nil, poisson
abondamment pêché dans le Lac Victoria, arrivent en Tanzanie
chargés d'armes destinées à «alimenter» les conflits locaux.
L'obscénité du dépeçage de l'Afrique par les pays du Nord
éclate au grand jour.
Début 2006, une étude de François Garçon paraît dans la
revue Les Temps modernes : Hubert Sauper, le réalisateur, aurait
instruit uniquement à charge. Suit une polémique virulente
qui décide plusieurs journaux à envoyer des reporters sur les lieux
du tournage. Le caractère problématique de la démonstration
du cinéaste se voit confirmé.
Cet ouvrage nous offre un formidable décryptage de la puissance
de l'image, allié à une réflexion politique et esthétique plus
que jamais nécessaire. Tous les moyens seraient donc bons pour
servir n'importe quelle cause supposée bonne ? Ce livre refuse
ce bien curieux postulat et nous apporte une autre vision du
fonctionnement de la globalisation dans cette région de l'Afrique,
nettement plus complexe, moins cauchemardesque aussi.
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