Depuis Les Antipodes, édité au Seuil et préfacé par Marguerite Duras, Jean-Marie Dallet a écrit une quinzaine de romans, dont Dieudonné Soleil, qui obtint la Bourse Goncourt du récit historique. Il a toujours « navigué » entre la Méditerranée, le Pacifique Sud et Paris. Encre de guerre est son deuxième roman publié aux Éditions du Sonneur, dans lequel un homme cherche à déjouer le destin que lui impose l'histoire de son siècle par le voyage, l'alcool, les femmes et l'écriture.
C'est la truffe froide de Brutus qui me réveille, il me la pousse dans le cou sous le col du blouson, j'entrouvre en oeil, je vois sa grosse tête pleine de poils, ses bons yeux idiots d'animal, Tire-toi, mais il ne part pas, au contraire il me décape le visage à coups de langue, alors je me lève avec dix heures à ma montre et une grande envie de pisser, j'entends la radio de Madame Jeanne qui crache des infos, mais je comprends seulement Algérie, Indépendance, à cause des cris des clients. Dehors, c'est le matin gris de l'hiver triste, Brutus me suit jusqu'aux vécés au fond du couloir, je passe la tête sous le robinet du lavabo, frotte mes dents d'un doigt avec le savon du distributeur, m'essuie le visage, les cheveux à l'aide de mon mouchoir, puis je vais commander un grand noir à Madame Jeanne qui s'active derrière son zinc - quand elle m'aperçoit, elle baisse la radio qui est passée au cha-cha-cha, elle dit, Tiens, voilà le François, il est réveillé, débarbouillé.
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