Des enfants soldats sèment la violence, mais des paroles du griot surgit l’arbre de l’espoir...
Malgré mon habileté d’aveugle à trouver des repères là où les voyants ne perçoivent rien, je ne suis pas sûr de retrouver l’endroit sans sa main qui me guide. C’est que je m’y abandonne, à cette petite main lisse et douce, dans ma grande paume ridée. Je m’y abandonne comme il se laisse aller à écouter ma voix rocailleuse. C’est une histoire de confiance entre nous. Pas un commerce comme avec ces femmes qui m’apportent des gâteaux trop sucrés en échange d’un de ces gris-gris que je fabrique et ces hommes dont les questions ne tournent qu’autour de l’argent qu’ils vont peut-être gagner. À eux, c’est vrai, je leur vends ce qu’ils demandent. Il faut bien vivre. Et parce que je suis prudent lorsque je donne des conseils, parce qu’une même phrase peut contenir plusieurs vérités, ils disent que je suis sage et me craignent et me respectent.
Dans cette nouvelle à la prose virtuose évoquant une partition orchestrale, la sensibilité de Valérie Allam se met au service de l’expression de très profonds mouvements du cœur. Si l’ombre répond à la lumière de l’Afrique, la noirceur aux élans amoureux, le malheur ne peut rien quand la germination du bonheur est à l’œuvre. De la graine nait l’arbre, ainsi le griot exprime-t-il ses espoirs de la vie recommencée !
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