Empreintes
Peu de textes autant que celui-ci nous offre la grâce d'entrer en poésie. Il ne suffit, pour répondre aux promesses de l'invitation, que de renoncer à nos malencontreuses habitudes de lecture trop souvent appâtées par la saisie du sens immédiat, souverain et satisfait de ses assurances didactiques. Aussi pourrait-on commencer par lire paisiblement la préface de l'auteur puis refermer le livre en recueillant dans un silence qui n'appartient qu'à soi les échos qu'elle y a laissés. On peut, au terme de ce moment-là, entrer dans le texte, en le lisant à voix haute, pour en devenir le re-créateur.
Alors la poésie de Timothée Laine, pour beaucoup, rencontrera sa vocation qui est l'appropriation du prestige de la parole balbutiante. On se découvre avec l'enchantement de parcourir un cheminement poétique comme l'a parcouru l'illustratrice dont les dessins, à sa manière, entrent en connivence merveilleuse avec le texte.
On ne peut, en effet, manquer d'être entraîné par un courant qui prend sa source, et sans jamais la perdre, dans le chaos originel du langage où s'illumine l'inconscient pour s'affirmer en une lumière aléatoire qui arbore paradoxalement les formes les plus accomplies de la poésie contemporaine. À travers ces jaillissements qui ouvrent la pureté d'un ciel toujours à reconquérir, le son et le sens, ensemble, libèrent un feu verbal que l'on appelle poésie parce qu'elle trouve le pouvoir de nous convier à renaître au monde et à rejoindre le foyer de la vie si imprudemment délaissé par les humains.
Daniel Leroux
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