roman historique
«C'est par humanité que j'ai des maîtresses. Si je n'en avais qu'une, elle serait morte avant huit jours... Je crois bien que j'ai, de par le monde, plus de cinq cents enfants». Ainsi parlait Alexandre Dumas. Ce tempérament s'exprime aussi en fécondité littéraire : plus de trois cents titres et mille trois cent quatre-vingt-quatre tomes, selon la bibliographie citée par Maurice Bouvier-Ajam : «l'Océan dumasien, immense et chaotique». Celui qui devait écrire dans ses Mémoires : «Il me paraissait permis de violer l'histoire, pourvu qu'on lui fit un enfant» a pris cette liberté avec la Maison de Savoie. Des quadruplés ont vu le jour : quatre volumes, deux mille quatorze pages, deux cent quarante-neuf gravures en couleur qui n'auraient pas dû passer inaperçus. Or aucun spécialiste ne signale leur existence, à l'exception de l'Anglais F. Reed. Un moine d'Hautecombe, dom Edmond Bernadet, les avait déjà lus : il alerte l'opinion sur ce mystère.
Nous voilà devant une curieuse énigme. Nous nous attacherons, dans une première partie, à situer cet épisode d'histoire littéraire. Nous apprécierons ensuite la valeur de ce roman historique, en nous gardant de prendre «cet air protecteur que les historiens daignent avoir pour les poètes», comme Dumas s'en plaignait amèrement. Le même Dumas qui confiait à «ses belles lectrices» : mieux vaut l'histoire écrite par les romanciers que l'histoire écrite par les historiens, d'abord parce qu'elle est plus vraie et ensuite parce qu'elle est plus amusante.
Lucien Chavoutier.
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