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1789... La Bastille vient d’être prise. La révolte gronde. Pour beaucoup de Français, la situation est difficile et l’avenir incertain. C’est alors que rue Neuve-des-Petits-Champs, à Paris, un bureau s’ouvre pour la vente de terrains situés en Amérique, sur les bords de l’Ohio, « la Belle-Rivière », au centre d’un pays où, dit-on, règne la justice pour tous, et où l’on peut vivre selon ses aspirations, sur une terre où tout semble avoir été disposé pour le bonheur des hommes. Plusieurs centaines de Français se font inscrire. Ce sont, pour la plupart, des gens de professions libérales : artisans, médecins, quelques nobles, un conseiller au Parlement... Imaginons l’un d’entre eux : Louis de Fertel. Il s’embarque avec les autres, partage leur vie et ce qu’elle comporte de déceptions, de déboires et de luttes, car ces gens, qui ne sont pas préparés pour devenir défricheurs ou pionniers, découvrent vite qu’on les a trompés : les terres ne seront à eux que s’ils paient de nouveau, et les Indiens de la région sont en guerre contre les Visages-pâles. Le courage, la persévérance, la bonne humeur, font face aux obstacles ; peu à peu, la vie s’organise. Après quatre ans passés à Gallipolis, Louis de Fertel apprend qu’un de ses oncles se trouve réfugié avec sa famille dans une autre partie de l’Amérique, en Pensylvanie, à Asylum. Il s’y rend, y trouve une petite localité peuplée en grande partie de nobles, et qui devient chaque jour plus importante. Les émigrés qui y sont installés essaient de vivre aussi confortablement que possible, tout en exerçant un métier. Selon le jour et l’heure, on est tantôt commerçant ou fermier, tantôt homme ou femme du monde. Les communications avec Philadelphie étant faciles, Fertel y va souvent. Il y retrouve et fréquente d’autres Français, ainsi que la famille d’une jeune et charmante Américaine qu’il épousera plus tard. C’est la vie de ces Français que l’auteur a voulu montrer. Ces pionniers de Gallipolis, ces émigrés de Pensylvanie, dont les noms sont souvent familiers, sont représentés tels qu’ils furent à cette époque, et dans ce milieu de la jeune Amérique qui n’a rien de l’Amérique d’aujourd’hui. La plupart essaient de s’adapter à la vie nouvelle, ils s’entr’aident, luttent contre la mauvaise fortune, mais n’abandonnent pas facilement leurs habitudes, leur langue, leur façon de penser « à la française ». Lorsque la Révolution prend fin, les émigrés reviennent presque tous en France, ceux de Gallipolis y restent, pour la plupart, mais n’oublient pas leurs origines. La ville se développe et demeure, sur les bords de l’Ohio, le souvenir vivant des Français d’autrefois.