Éloge du métèque
Quel point commun entre les Hébreux, Romain Gary, la muse haïtienne de Baudelaire Jeanne Duval, Modigliani, Hercule Poirot ou les rôles joués par Ava Gardner ? Tous sont des « métèques ». Un mot qui, en Grèce antique, désignait simplement celui qui a changé de cité, avant de devenir une insulte sous la plume de Charles Maurras puis d'être réhabilité par la chanson de Georges Moustaki.
C'est ce mot devenu désuet qu'Abnousse Shalmani remet en lumière et élève au rang d'esthétique à part entière, celle du pas de côté. Le métèque, ou la figure du transfuge par excellence : cet autre aux semelles de vent qui se sait destiné à repartir et ne se laisse jamais enfermer. Cet autre voué à intriguer et à inquiéter, lui qui vit dans une identité mouvante, un perpétuel exil, une authentique liberté.
Au fil d'un voyage littéraire et cinématographique d'Hérode à Salman Rushdie, d'Esmeralda à Albert Camus, Abnousse Shalmani déclare son « amour des sans-frontières, des sans-pays, des sans-terres ». Ample, passionnée, érudite, son ode à l'imaginaire vibre avec une urgente actualité.
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