Elisabethville
50 ans de l'Histoire de Lubumbashi
Témoignage d'un médecin né en brousse
Né à Luputa (Kasai) en 1928, André Vleurinck a vécu au Katanga jusqu'en 1975. Fils d'un médecin au service des Chemins de fer, son enfance s'est passée dans de petits postes de brousse du Haut Katanga où, en l'absence d'école, il a eu le privilège de bénéficier d'un enseignement « par correspondance » prodigué par ses parents. Son éducation, orientée par son père sur les problèmes médico-sociaux de sociétés africaines confrontées à un monde étranger, a été influencée par d'instructifs contacts avec des notables coutumiers qu'il n'aurait pu connaître s'il n'avait été élevé qu'en milieu urbain.
Pendant la guerre, il a fait ses humanités au collège St François de Sales à Elisabethville.
Après des études de médecine en Belgique, il est rentré au Katanga au service de l'Union Minière.
A Kolwezi d'abord jusqu'en 1972. Omnipraticien, donc également pédiatre, gynécologue, obstétricien, etc, il a, en outre à partir de 1963, pris en charge l'ophtalmologie puis l'hygiène publique en 1969.
Peu avant l'indépendance, en raison de ses origines et affinités locales, il était régulièrement sollicité par des responsables coutumiers dans leurs (vaines) tentatives de se faire entendre des autorités métropolitaines belges. Officieusement poursuivis avec celles du Katanga indépendant, ces contacts ne devaient, ultérieurement, pas lui valoir que des amis chez les agents de Mobutu.
Très heureusement, il a alors bénéficié de la (discrète) protection d'Africains, originaires du Kasaï notamment, qu'il avait aidés en des moments difficiles. Ces appuis lui ont été précieux lorsqu'en 1968, il s'efforçait de protéger les villageois des environs des effroyables exactions de la soldatesque congolaise.
Directeur du Département Médical de la Gécamines en 1972, il a dû rééquiper des services négligés par une décennie de désordres et quasiment reconstruire la clinique universitaire de Lubumbashi avant d entreprendre son dernier combat : empêcher que soit employé à des fins purement mercantiles le seul outil médical encore performant dans un pays en voie de décomposition.
Ce qui lui à valu d'en être chassé en 1975 !
Peu après son départ, un confrère africain lui écrivait : « Malgré ce qui vous est arrivé, je vous envie de ne plus être ici où tout est sale, même le regard du voisin ».
Sans nul doute, des exceptions échappaient-elles à cette règle mais, à l'époque, il était encore plus dangereux que maintenant de les laisser paraître.
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