Élégie estonienne et autres poèmes
Son long poème Élégie estonienne est justement un chant à ce passé au cours duquel le peuple estonien, paysan et artisan, était subjugué, soumis au servage de la glèbe et aux « seigneurs » allemands (...), ceux-ci étant les propriétaires
absolus des terres de l'Estonie et de sa voisine, la Lettonie, jusqu'au début du XXe siècle. Dans ce poème, on retrouve une certaine ironie vis-à-vis de l'idée occidentale de « progrès », aussi bien qu'une perception assez critique
de l'adaptation de l'Estonie au rythme du progrès matérialiste et aux avatars de la société de consommation, dont la conséquence la plus directe, au sens global, a été la destruction de la nature et encore - comme il le dit lui-même - la « déformation de l'être humain »,
- Albert Lázaro-Tinaut, « Préface »
Il y a ici alternance, suivant un rythme assez trépidant, de l'intime et de considérations intellectuelles, de l'érudition littéraire et des fragiles fragments visuels qui s'offrent à lui. Dans la poésie de Talvet, les vagabondages à travers le monde d'un érudit, philosophe et habitant cosmopolite s'entremêlent avec la chaleur intime et l'humain : la petite main de sa fille, l'écho des voix de ses parents, la maison où il est né ou bien la branche d'un arbre de son enfance. Cet affrontement, qui en même temps est harmonie de dimensions contrastantes, donne lieu au style poétique personnel impressionnant de Talvet.
- Marin Laak, World Literature Today, 2005
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