La philosophe Hannah Arendt, auteur des Origines du totalitarisme, couvrit à sa
demande le procès d'Eichmann à Jérusalem en 1961 pour le compte du New Yorker.
Le livre qui en est l'aboutissement, Eichmann à Jérusalem, sous-titré Rapport sur la
banalité du mal, déclencha immédiatement la polémique aux États-Unis puis lors
de sa publication en France en 1966, tandis que d'aucuns déconseillèrent même sa
publication en Allemagne (1964). Elle y soutenait qu'Eichmann n'était ni un Iago
ni un Macbeth, imputant ses crimes à la pure absence de pensée, ce qui, précisait-elle,
n'équivalait nullement à la «stupidité».
Comment s'explique dès lors le titre du présent entretien qu'elle accorda à
l'historien allemand Joachim Fest, auteur notamment des Maîtres du IIIe Reich ? De
même, comment expliquer que, bien qu'Eichmann lui répugnait, s'exprimant sur
Albert Speer, l'architecte de Hitler qui devint ensuite ministre de l'Armement, elle
puisse affirmer dans la seconde partie de leur entretien : «L'homme me plaît, mais
je ne parviens pas à le comprendre» ? Faut-il y voir une nouvelle provocation de la
part de celle qui pourtant ne se targuait que de «dire la vérité des faits» ?
Ce livre rassemble l'entretien accordé par Hannah Arendt à Joachim Fest en
1964, leur correspondance, ainsi que les écrits qui ont amorcé la controverse.
S. C.-D.
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