« Agobard... Valdès », deux figures eminentes et symboliques (l'évêque, 1'« hérétique ») de l'histoire médiévale qui, par-delà leurs différences, marquent le cadre chronologique (ixe-xiiie siècle) des études rassemblées dans ce volume, et illustrent aussi tout à la fois leur diversité et leur cohérence. Autour d'Agobard, c'est d'abord la vision d'une société chrétienne idéale telle que l'ont pensée les clercs carolingiens qui est évoquée ici : désormais mieux encadrés grâce notamment à une pratique sacramentelle rénovée et à un meilleur contrôle de la violence sociale, les fidèles peuvent et doivent sous la conduite de l'Eglise, avancer unis sur le chemin du salut. L'exemple de Lyon permet ensuite de s'interroger sur l'application concrète de cet idéal, conduite sur place par une remarquable série d'évêques au premier rang desquels on retrouve Agobard, et de constater que, grâce à des circonstances locales particulières, une part de l'héritage carolingien a pu perdurer ici jusqu'au XIIe siècle : le maintien du pouvoir de l'archevêque sur la ville et, dans une large mesure, sur les principales abbayes du diocèse, tout comme l'attachement à une certaine vision ecclésiologique sont quelques aspects parmi d'autres de ce « conservatisme ». Valdès, enfin, personnalité singulière, témoigne, à la fin du xiie siècle, du malaise d'une Église qui peine à mettre en application les idées de la Réforme grégorienne. C'est une reconsidération de son rôle, et une relecture des origines du Valdéisme que propose le troisième volet de cet ouvrage qui illustre la profonde évolution de la société médiévale depuis l'époque carolingienne, temps de structuration, jusqu'aux xiie-xiiie siècles où Église et société achèvent de devenir des notions coextensives.
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