En avril 1886, paraît en librairie La France juive, oeuvre d'un obscur
journaliste. Aussitôt, le livre s'arrache. Il va devenir l'un des plus
grands succès d'édition de la fin du XIXe siècle. L'antisémitisme
français a trouvé son prophète en la personne d'Edouard Drumont
(1844-1917), dont voici la première biographie.
Brouillant les clivages traditionnels, l'antisémitisme devient avec
Drumont une arme politique dirigée contre la République laïque, les
Juifs étant rendus responsables des errements de la société moderne,
des abus du capitalisme et de la déchristianisation.
Son quotidien, La Libre Parole, lance le scandale de Panama puis
l'affaire Dreyfus. Elu député d'Alger en 1898, Drumont préside à la
Chambre le «Groupe parlementaire antijuif». Oublié après l'affaire
Dreyfus, il redeviendra une référence clé pour les hommes de la
Collaboration de 1940 à 1944.
Nourri d'un très grand nombre d'archives inédites, l'ouvrage de
Grégoire Kauffmann restitue le vrai visage de ce polémiste halluciné,
homme d'affaires implacable, à la fois naïf et retors, stimulé par une
vanité jamais satisfaite et une mégalomanie maladive. Il fait pénétrer
le lecteur dans l'univers intime du «pape de l'antisémitisme» : escroqueries,
chantages, manipulations policières, duels, séances de
spiritisme, galanteries fin de siècle.
Au-delà du récit biographique, Grégoire Kauffmann s'emploie à élucider
la question controversée de la diffusion de l'antisémitisme à
la fin du XIXe siècle. Il met également en lumière la nature et les
ressorts du phénomène populiste : la rencontre entre un homme au
tempérament exalté et un public en quête d'idées simples qui lui
expliquent les malheurs du monde et les voies de sa survie.
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