Écume et Cendre regroupe sans doute ce que Slauerhoff a
écrit de meilleur comme nouvelle, à la fois en raison de la
variété du style et de l'inspiration, mais surtout à cause de
l'image qu'il y donne de sa personnalité tourmentée dont
chaque récit illustre l'une des facettes. «L'Héritier», l'histoire
de Kasem Hussein qui rêva d'être riche, et, la fortune
venue, ne rencontra que déboires et déceptions, évoque les
contes «orientaux» du XVIIIe siècle et leur aimable scepticisme.
Dans «La fin du chant», Slauerhoff décrit l'errance
d'un homme à la recherche d'un indéfinissable salut à travers
les absurdités et les banalités d'une existence désenchantée.
Conrad semble avoir inspiré «Le dernier voyage
du Nyborgt», qui, poussé sur l'infini du Pacifique par
quelque obscure fatalité, entraîne son équipage à la mort.
«Larrios» est la navrante histoire d'un marin désemparé,
dont la vie n'a plus d'autre sens que la quête, poursuivie
au cours d'étranges expériences, d'une femme un instant
entrevue. Enfin, c'est dans un esprit d'«understatement»
typiquement anglo-saxon que «Such is life in China»
décrit avec réalisme une journée de quelques européens
échoués aux flancs de l'immense empire qui tolère avec
indifférence leurs manies, leurs trafics et leurs illusions.
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