Si les arts résonnent en écho les uns aux autres, cependant ils ne correspondent pas directement entre eux, ainsi que le remarque Jean-Luc Nancy dans les Muses (1993), et leurs réalisations sensorielles sont différentes. Dans ce cadre, le présent volume, écrit par des chercheurs de diverses disciplines, essaie de faire apparaître des liens entre les arts en passant par l’idée qu’une écriture et une forme propres à l’art, comme les réécritures du corps humain, infusent les arts musicaux, plastiques ou littéraires, et offrent des soubassements à ces rapports.
La première partie du volume s’interroge sur les paradigmes esthétiques dans le temps (l’époque romantique est vue comme force d’une forme qui saisit aussi bien Brahms que Caspar David Friedrich) et fait l’hypothèse de germes de significations qui sont à la source d’oeuvres relevant d’arts divers (selon Simondon et Rastier). La seconde partie observe les liens entre plusieurs arts à partir du visuel, montrant que l’usage de la photographie et du dessin comme source du texte introduit une distance et un éclairage synthétique après coup : sont proposés des liens entre Virginia Woolf et la photographie, Susan Howe et le dessin, Rembrandt et Genet, une comparaison entre Visconti et Godard. La troisième partie s’intéresse aux modes d’écriture de la littérature et de la musique : comment Bach influence-t-il Nancy Huston ; comment la musique est-elle « tarabust » aux oreilles de Pascal Quignard ; comment Verdi et Wagner composent-ils avec le langage et le corps ? Elle se termine par une réflexion sur la musique contemporaine, conçue cette fois comme un parcours dessiné par chaque auditrice, autre forme d’écriture (avec l’exemple d’Elizabeth Anderson).
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