« ... mes valises sont enfin arrivées de Ciudad Trujillo (ça te donne une idée de la facilité de voyager) et j'y ai retrouvé un carnet datant de nos premiers jours où j'avais noté beaucoup de choses sur toi. Ça a été comme si par miracle du étais entrée, comme si j'avais pu te prendre pour un centième de seconde dans mes bras, la sensation de toi, de cette merveilleuse allégresse de t'avoir, de t'aimer, d'être aimé de toi, d'avoir ton sûr amour, ta chaleur, ta lumière. Pas de mots, cela dépasse tellement la pensée. »
Mars 1941. Victor Serge doit fuir la France occupée et le Mexique est le seul pays à lui accorder un visa. Il quitte Marseille sur le navire Capitaine Paul-Lemerle, laissant sur le quai sa compagne, Laurette Séjourné.
Le voyage est éprouvant : il lui faudra six mois pour gagner Mexico, via Saint-Domingue et Cuba. Les persécutions administratives sont innombrables, l'attente, insoutenable.
Laurette ne parvient à le rejoindre qu'un an plus tard.
Voici les lettres, inédites, échangées durant ces longs mois de séparation, la « séparation vaincue ». Des lettres poignantes et belles. Les lettres d'amour de réfugiés.
Précédé de « Victor Serge au Mexique : le dernier exil », de l'historien Adolfo Gilly.
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