La Révolution française favorise rêves et ambitions chez les femmes et la transition entre Ancien Régime et nouveau contexte politique leur donne l'opportunité de se redéfinir. Femmes de théâtre et femmes de lettres embrassent les principes égalitaires et libertaires de la Révolution avec enthousiasme et accèdent au domaine de l'opéra, monde alors dominé par les hommes, exposé aux intrigues politiques et aux querelles esthétiques. Malgré ces obstacles, les opéras des femmes sont parmi les plus joués à Paris. Cette présence affirme donc leur droit à une carrière publique et à l'expression artistique, bien qu'elles soient perçues comme une menace et rebelles à leur condition. Ce phénomène, dont la période s'étend de 1770 à 1820 environ, restera inégalé en Europe et pour les siècles suivants. À partir des années 1820, la défaite des femmes sera d'autant plus poignante qu'elles étaient convaincues que leurs succès trouveraient confirmation dans la génération suivante.
Cet ouvrage s'intéresse aux phénomènes qui ont rendu possible cette floraison d'opéras de femmes. La première partie se concentre sur celles qui ont réussi à faire représenter leurs opéras sur scène : elle donne un aperçu des auteures et de leurs oeuvres, expose les moyens par lesquels les femmes acquièrent leur éducation musicale, présente les obstacles institutionnels qu'elles ont dû surmonter pour voir leurs opéras produits sur les théâtres parisiens et traite des problèmes associés à l'affirmation de leur autorité et de la paternité sur leurs oeuvres. La deuxième partie est une étude détaillée du cas d'Isabelle de Charrière, témoin du succès de ses collègues féminines dont elle partagea les ambitions, mais qui ne réussit pas à surmonter les obstacles qui se sont dressés sur son parcours malgré ses efforts.
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