Il est des destinées qui sont vraiment extraordinaires. Tel est le cas de celle de Duy Tan (1899-1945). Il a moins de neuf ans lorsqu'il est décidé qu'il serait empereur d'Annam, alors partie de l'Indochine française. Un enfant empereur. À l'adolescence, les empiétements politiques de la puissance coloniale finissent par l'exaspérer et le conduisent à accepter de prendre la tête d'une insurrection en mai 1916. C'est un échec qu'il paie au prix fort : détrôné par le gouvernement français, il est exilé à La Réunion. Celui qui n'est plus que le prince Vinh San y devient réparateur de TSF, mais aussi radioamateur. Il n'en perd pas son rêve d'adulte : devenir français et vivre à Paris. Aussi, lorsqu'en juin 1940 il entend l'appel du général de Gaulle, le seul, peut-être, au fin fond de l'océan Indien, il n'hésite pas une seconde et rallie, non sans mal, les Forces navales françaises libres (FNFL), s'engageant comme radiotélégraphiste sur le contre-torpilleur Léopard. La fin de la guerre le trouve en Allemagne, où il sert avec le grade de chef de bataillon. La victoire contre l'Allemagne acquise, le Général, conquis par l'ex-empereur, imagine en secret de le rétablir sur le trône d'Annam pour s'opposer aux communistes vietnamiens. On prépare alors son retour à Hué, la capitale impériale.
Hélas, son avion s'écrase en Oubangui-Chari, le 26 décembre 1945, marquant la fin tragique d'une véritable épopée que François Joyaux narre avec talent, conjuguant rigueur historique et rare bonheur d'écriture.
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