Durant tout le Moyen Âge les lettrés n’ont cessé de puiser dans un fond historico-légendaire commun à la Bretagne et à la Grande Bretagne. Entre les lignes des Vies de saints réécrites d’un siècle à l’autre se décèle le système de représentations des laïques dont les hagiographes reprennent des éléments afin de les recharger de sens au service de leurs commanditaires et pour la gouverne de leurs destinataires. En brossant l’épopée des saints fondateurs de la chrétienté bretonne, les clercs médiévaux qui monopolisaient alors l’écrit se sont acharnés, délibérément ou non, à occulter ce qu’il est convenu d’appeler la « première migration bretonne », organisée militairement par l’Empire romain (IIIe-Ve siècle). L’historicité des bribes de légendes recyclées dans les sources hagiographiques est sujette à caution. Bernard Merdrignac s’emploie à recouper ces données avec d’autres indices obtenus indépendamment grâce aux méthodes spécifiques à d’autres disciplines (archéologie, épigraphie, toponymie, généalogie, etc.). Il propose ainsi des hypothèses hardies, quoique solidement étayées, sur cette période méconnue du très haut Moyen Âge. La liberté d’écriture de cet essai historique réjouira les amateurs d’histoire pour qui la rigueur de la recherche ne va pas forcément de pair avec une fastidieuse cuistrerie dans l’exposé de ses résultats.
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