Depuis le début des années 2000, un nombre sans cesse croissant de migrants originaires d’Afrique subsaharienne choisissent le Maroc pour poser leur sac. Ils sont aujourd’hui plusieurs milliers à Rabat, Marrakech, Casablanca ou Tanger, qui vivent et travaillent, pour beaucoup, dans des conditions de grande précarité : ouvriers du bâtiment, prolétariat de ces nouvelles usines que sont les « call center », domestiques et hommes ou femmes de peine. Mais pour d’autres, Africains eux aussi, médecins, artistes, entrepreneurs, commerçants, le Maroc offre de nouvelles opportunités économiques de promotion sociale que l’Europe n’offre plus.
Or pour beaucoup, médias, politiques ou ONG, ces Subsahariens ne seraient au Maroc qu’en transit, attendant la meilleure occasion pour passer en Europe.
Cette représentation, qui nie la réalité de leur ancrage au Maroc et amnésie le fond historique très ancien de relations entre Afrique noire et Maghreb où ces nouvelles migrations prennent forme sociale et sens, participe d’une « fiction politique » du transit, si utile aux Européens pour construire une stigmatisation toujours plus manifeste des dynamiques migratoires. Cette position est ici discutée, critiquée et retournée pour proposer un renouvellement de l’approche sociologique sur les migrations en les regardant du Sud.
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