De tous les écrivains, aucun n’avait plus besoin d’une révision sévère que Mme de Sévigné. La pauvre marquise avait été traitée par ses premiers éditeurs à peu près de la même façon que Pascal. Avant, déjà livrée au public, on l’avait mise à la discrétion d’un homme terrible, le chevalier de Perrin, qui, à la prière de la famille, s’était chargé de supprimer ses révélations indiscrètes, d’adoucir ou d’effacer ses propos trop libres, et même de lui apprendre le bon goût et le beau français... Elle savait sans doute qu’elle avait bien de l’esprit. C’est une chose que d’ordinaire on n’ignore pas, et d’ailleurs ses meilleurs amis prenaient soin de le lui dire. « Vos lettres sont charmantes, lui écrivait-on, et vous êtes comme vos lettres. » On la mettait même quelquefois sans façon à côté de Balzac et de Voltaire, ce qui la faisait beaucoup rougir ; mais certainement elle n’aurait jamais pensé qu’à propos de ces billets qu’elle écrivait si facilement, et sans se donner la peine de prendre un style, « ce qui est un cothurne pour elle, » on irait jusqu’à prononcer le grand nom de Cicéron.
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