Du principe de l'art et de sa destination sociale a été publié quelques mois après la mort de Proudhon en 1865. Il était quasiment achevé. Courbet, son ami d'Ornans, lui demande un jour une préface pour un catalogue : ce fut finalement un livre, un bonne dizaine d'années plus tard, un livre fondamental sur les questions de l'art, de l'esthétique et du réel, de l'inscription de l'art dans la société.
Ce n'est pas le manifeste du Réalisme, encore moins du Naturalisme, mais un ouvrage critique qui montre les intuitions et les expériences esthétiques de Proudhon, en même temps qu'un bilan des questionnements de l'époque sur la peinture et la société. Proudhon, à juste titre, situe l'art dans son contexte social et politique. Là encore, il rejette tout autant le formalisme académique que le réalisme illustratif. La vision complexe de l'écrivain méconnu Proudhon devrait nous faire réfléchir, au-delà des clichés contemporains, sur la fonction anthropologique de l'art dans une société en crise et en mutation, hors du champ idéaliste comme du champ matérialiste. L'art (le musée, les expositions) peut être le lieu même du développement d'une conscience critique, réfractaire à tous les moules idéologiques : il peut devenir un outil et une expérience de transformation dans une société vraiment plurielle. Telle est la leçon de Proudhon.
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